Monday, May 10, 2021

 

DANIEL DRAGOMIRESCU


L'hiver montre ses griffes

 

                                 À la mémoire du pauvre Dionis

                                                         et d’Edgar Poe

 

L'hiver montre ses griffes

Et fait claquer les violons de ses longues dents.

Une lune coupée en deux git dans le ciel bleu-noir

Il n'y a pas de printemps de Botticelli ou de Renoir.

 

Un chien boiteux rôde autour d’une poubelle

Il est bien long jusqu'au retour de l'hirondelle.

Des corbeaux noirs, plumage comme l'enfer

Arrachent des morceaux de terre avec leur becs d’acier.

 

Agrippés sur des branches sèches d'un marronnier sauvage

En vain les moineaux nourrissent des rêves d’un beau rivage.

De temps en temps du ciel immobile tombe la neige

Comme dans les chansons d'Adamo ou de Piaf... triste manège.

 

Un chant de sirènes fait bouger mes entrailles

C'est d’une vénérable dame le jour des funérailles.

Ce soir le soleil va se coucher triste et affamé

Mon chat blanc et noir va revenir de dehors congelé.

 

Abruti, je dépose mes chaussures sur ma poêle de fer

Tandis qu’aux alentours on entand  les loups hurler.

L'hiver claque des dents, l’hiver montre ses griffes

En mettant sur la peau des arbres ses hiéroglyphes.