DANIEL DRAGOMIRESCU
L'hiver
montre ses griffes
À la mémoire du pauvre Dionis
et d’Edgar Poe
L'hiver
montre ses griffes
Et fait
claquer les violons de ses longues dents.
Une lune
coupée en deux git dans le ciel bleu-noir
Il n'y a
pas de printemps de Botticelli ou de Renoir.
Un chien boiteux rôde autour d’une poubelle
Il est bien long jusqu'au retour de l'hirondelle.
Des corbeaux noirs, plumage comme l'enfer
Arrachent des morceaux de terre avec leur becs
d’acier.
Agrippés sur des branches sèches d'un
marronnier sauvage
En vain les moineaux nourrissent des rêves d’un
beau rivage.
De temps en temps du ciel immobile tombe la
neige
Comme dans les chansons d'Adamo ou de Piaf...
triste manège.
Un chant de sirènes fait bouger mes entrailles
C'est d’une vénérable dame le jour des
funérailles.
Ce soir le soleil va se coucher triste et
affamé
Mon chat blanc et noir va revenir de dehors
congelé.
Abruti, je dépose mes chaussures sur ma poêle
de fer
Tandis qu’aux
alentours on entand les loups hurler.
L'hiver claque des dents, l’hiver montre ses
griffes
En mettant sur la peau des arbres ses hiéroglyphes.